Ce n’est pas le trauma qui revient… c’est son fantôme.

Tu peux avoir fui un lieu, quitté une personne, changé de pays, entamé une thérapie, plongé dans le développement personnel… et pourtant, sans prévenir, il y a ce moment : un regard, une odeur, une voix, un FaceTime anodin, et ton cœur s’emballe. Ton ventre se noue. Tes repères flanchent. Tu ne comprends pas.
Et tu te dis : « Pourquoi ça revient ? »

La vérité, c’est que ce n’est pas le trauma lui-même qui revient. C’est son spectre.

Le trauma est passé. L’événement n’a plus lieu. Le danger n’est plus là. Mais quelque chose, en toi, agit encore comme si c’était le cas.

C’est ça, le spectre du trauma. Ce n’est pas un souvenir. C’est une présence. Une empreinte dans le système nerveux. Une mémoire sans images, mais avec des sensations, des réactions, des automatismes.
Et tant que tu ne reconnais pas cette présence, elle agit dans l’ombre. Elle t’éloigne de ton corps, de tes relations, de ton plaisir. Elle t’empêche d’habiter pleinement ce que tu es, ici et maintenant.

Le spectre du trauma, ce n’est pas l’histoire. C’est ce qu’elle continue de faire.

Ce n’est pas l’agression. C’est l’impossibilité de se laisser toucher.
Ce n’est pas l’abus. C’est la méfiance, même face à l’amour.
Ce n’est pas la violence. C’est le repli, la dissociation, la déconnexion du plaisir.
Ce n’est pas ce qu’on t’a fait. C’est ce que ton corps fait encore, malgré toi, pour survivre.

Et tu peux très bien aller bien, en apparence.
Travailler, aimer, rigoler, jouir même parfois.
Mais il suffit d’un rien pour que tout s’effondre.
Parce que le spectre n’a pas besoin de logique pour s’activer. Il se nourrit d’échos, pas de faits.

Alors, comment on s’en libère ?

Déjà, en cessant de croire que ça y est, c’est fini.
Non, ce n’est pas fini.
Et ce n’est pas grave que ça ne le soit pas.

Se libérer d’un spectre traumatique, c’est un processus. Un chemin. Une danse lente et souvent maladroite entre ce qui a été et ce qu’on veut vivre. Ce n’est pas linéaire. Ce n’est pas propre. Et surtout, ce n’est pas une performance.

Il ne s’agit pas de “guérir” au sens de rayer le passé, mais de transformer son empreinte.
De reprendre la main sur ton rythme, sur ta respiration, sur tes choix.
De désactiver, avec patience et courage, les alarmes internes qui sonnent encore alors que l’incendie est éteint.

Parfois, ça passe par la parole. D’autres fois, par le silence.
Par la thérapie, bien sûr, mais aussi par le mouvement, par le toucher, par la sexualité, par la spiritualité, par des liens qui guérissent ce que d’autres ont brisé.

C’est le corps qui parle. Et c’est le corps qu’il faut réapprendre à écouter. Parce qu’au fond, c’est lui qui sait. C’est lui qui a tout gardé. Et c’est lui qui peut, lentement, déposer ce qui n’a plus besoin d’être porté.

La libération ne ressemble pas à un miracle. Elle ressemble à … toi.

Elle ressemble à cette nuit où tu n’as pas fui.
À ce matin où tu as osé dire non.
À ce regard que tu as soutenu sans te crisper.
À ce plaisir que tu as accueilli sans honte.
À ce lien que tu as laissé entrer, sans tout analyser.

Elle ressemble à ton corps, quand il cesse de lutter.
À ta voix, quand elle ne tremble plus.
À ta paix, même passagère.

Tu ne trahis personne en allant mieux.
Tu n’oublies rien en respirant à nouveau.
Tu ne dois rien à la douleur.

La vraie fidélité à ton histoire, ce n’est pas de souffrir encore.
C’est de transformer ce qui t’a presque détruit, en force tranquille, en amour lucide, en présence radicale à toi-même.

Et toi… quel est ce spectre que tu portes encore ?
Qu’est-ce qui, en toi, mérite enfin de ne plus avoir peur ?

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Toutes les mères célibataires ne se sont pas fait larguer. Certaines se sont ÉCHAPPÉES.