Arrêtons de cultiver les stigmas autour de l’I.V.G !

Plongeons FRANCHEMENT dans ce sujet tabou, volontairement tu, autour duquel nous nous appliquons, tou.te.s autant que nous sommes, à cultiver le manque d’information — ou pire, la honte et la culpabilité : j’ai nommé l’Interruption Volontaire de Grossesse (I.V.G) ou plus familièrement “l’avortement” !

Si vous êtes encore surpris(e) au point de porter un jugement dès que vous apprenez qu’une femme de votre entourage (proche ou éloigné) a eu recours à une I.V.G — ou que vous êtes éprise de honte d’en avoir eu recours, car vous avez l’impression d’être la seule à être passé par là — permettez-moi de vous ouvrir les yeux avec quelques chiffres.

En 2022, en France hexagonale, sur près de 800.000 naissances, entre 200 et 250.000 IVG ont été pratiquées. C’est en Guadeloupe que le taux est le plus élevé, soit 47,2 actes réalisés pour 1000 femmes de 15 à 49 ans. Dans l’archipel, sur 7 à 8.000 accouchements annuels, entre 4.000 et 4.500 IVG sont dénombrés — soit la moitié !

Ayant moi-même eu recours à une I.V.G, je déplore l’attitude faussement pudique voir hypocrite qu’il y a autour de l’avortement, surtout quand on connait les chiffres ! Cette ‘volonté’ de taire ce sujet plonge presque toutes les femmes dans une profonde solitude quand elles ont a faire ce choix… Et la dernière chose qu’on a envie de ressentir quand on doit prendre cette décision, c’est se sentir seule ou jugée !

Peu de temps après avoir fait ce choix, j’ai refusé d’adopter l’attitude commune selon laquelle “il ne faut pas en parler” … Mon métier de sexothérapeute m’apprend tous les jours que les silences sur les sujets comme ceux-ci sont la cause principale de la désinformation, des dérives et débordements et du poids psychologique menant à des traumas qui peuvent être évités. Et, surprise : plus je parlais de MON expérience, plus les langues des femmes autour de moi se déliaient ! Malheureusement, elles s’ouvraient toutes à moi APRÈS l’I.V.G et j’entendis bien des choses que j’aurais voulu savoir AVANT.

Alors, aujourd’hui, dans le PPQ, voici quelques informations autour de l’Interruption Volontaire de Grossesse qui pourront t’aider, ou te permettre d’aider les femmes autour de toi.

Ce choix t’appartient !

La phrase “Mon corps : mon choix !” prend son sens dans bien des contextes, et aussi dans celui-ci ! Un bébé ne se conçoit pas tout seul, il en faut deux pour danser un tango, alors si tu es en couple, ton partenaire a le droit de s’exprimer sur sa volonté ou non de garder cet enfant. Quoi qu’il en soit, personne d’autre que toi ne portera cet enfant 9 mois et sera liée à vie à lui/elle. Si tu souhaites procéder à une I.V.G et que ton partenaire exerce une forme de pression émotionnelle, mentale ou morale sur toi, peut-être que la grossesse n’est pas la seule chose que tu devrais interrompre…

Cela vaut de même pour tout le personnel médical avec qui tu pourras être en contact pendant cette procédure ! Certain(e)s peuvent avoir des propos déplacés, un manque cruel d’empathie et/ou une attitude froide et moralisatrice. Personne ne devrait avoir à subir ça et tu es dans ton droit de faire ce que bon TE semble avec ton corps. Si tu sais que tu n’as pas le tempérament pour remettre les gens à leur place, n’hésite pas à te faire accompagner par quelqu’un de confiance qui saura rappeler à ceux et celles qui le méritent que leur attitude n’est pas acceptable et ne sera pas tolérée.

Tu n’as pas envie d’attendre 14 semaines !

La loi de mars 2022 a rallongé le délai de recours possible à l’avortement à 16 semaines d’aménorrhée (au lieu de 12 précédemment) soit 14 semaines de grossesse. Toutefois, plus tu attends, plus l’I.V.G est physiquement (et mentalement) douloureuse !!

L’option de l’I.V.G médicamenteuse, à l’approche des 12 semaines, sont souvent suivies d’un curetage (intervention pratiquée par un chirurgien gynécologique et qui consiste à gratter la muqueuse tapissant l'utérus : l'endomètre.) car plus d’embryon reste dans l’utérus, plus il s’y accroche.

Tu n’es PAS obligée de te faire poser un stérilet ou autre contraceptif juste après ton I.V.G !

Si tu n’en as pas déjà une contraception, le/la gynécologue qui t’accompagne te préconisera de te faire poser un stérilet ou autre après ton I.V.G. D’un côté, c’est normal ! Personne n’a envie que tu aies à repasser par la case I.V.G. Quoi qu’il en soit, tu n’es pas obligée de le faire de suite ! Je n’avais envie de RIEN dans mon corps après cette expérience (que ce soit un stérilet, un implant, ou une pilule). La seule chose que je voulais, c’était me reposer et laisser mon utérus (mon corps tout entier) se remettre de tout ça. On m’a forcé la main, à plusieurs reprises, et j’ai toujours dit NON. Je voulais attendre et je n’ai rien regretté. Écoute ton corps, il te dira toujours merci.

Le monde peut attendre

Chacune vit la chose à sa manière. Personnellement, j’ai eu les pires crampes abdominales de ma vie — et après avoir entendu les témoignages des femmes autour de moi, je me permets de dire que c’est assez courant.

Si tu penses que tu pourras pratiquer ton I.V.G dans la matinée et jouer les Wonder Woman au boulot (ou ailleurs) à 14H, c’est tout ce que je te souhaite ! Maiiiiiiis, ne prévoit rien, tout de même. Le monde peut attendre. Tu as une expérience à vivre qui est plus importante que le reste.

Les serviettes hygiéniques ne suffiront pas !

Ce WARNING est pertinent surtout si tu choisis une I.V.G médicamenteuse. Je vous passe les détail, mais je n’aurais jamais pensé avoir à porter des couches pour adulte avant mes 90 ans, et pourtant…

L’I.V.G ne te rendra pas stérile !!!!

NON. L'I.V.G n'est pas associée à un risque d'infertilité — quelque soit la méthode (médicamenteuse ou par aspiration). Réalisée dans de bonnes conditions et selon les normes de l'OMS les risques des complications et de décès sont minimes.

Tu n’es pas seule 🤎

Il semble difficile pour notre société d’intégrer le fait qu’une femme peut consciemment faire le choix d’interrompre sa grossesse, sans l’ombre d’un regret, et tout de même se sentir profondément triste et endeuillée de se séparer de cette ‘vie’ qui commençait en elle.

L’I.V.G, même s’il s’agit d’un “choix”, peut plonger la femme dans un deuil périnatal.

Parce que, oui, pour certaines, l’I.V.G les plonge dans un deuil périnatal. Non pas parce qu’elles minimisaient l’ampleur de l’acte, mais parce que dire “au revoir” est toujours difficile — surtout si on veut des enfants ! Parfois, ce petit être ne se présente simplement pas au bon moment. Dans cette aventure, Parce qu’une peine partagée est tout de suite plus légère, l’association Nanm An Nou (Guadeloupe) accompagne les femmes en deuil périnatal vers un mieux être.


⚠️ : En tant qu'auteure de ce texte, je souhaite préciser que les propos exprimés ici ne représentent que mes opinions personnelles et ne doivent pas être attribués à quiconque d'autre. À tout lecteur, je rappelle que la responsabilité légale de mes propos me revient entièrement.

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