Le poids du silence : comment la culture caribéenne façonne notre rapport au corps et au plaisir
Le sexe, c’est un peu comme les secrets de famille : tout le monde sait que ça existe, mais personne n’en parle. Surtout pas à la maison. Dans les cultures caribéennes, le plaisir est un sujet tabou, coincé entre héritages religieux, pudeur imposée et injonctions contradictoires. Résultat : on navigue entre culpabilité et non-dits, cherchant à concilier désir et interdits. Bref, on fait du slalom entre frustration et silence. Et si on crevait enfin l’abcès ?
La sexualité, dans beaucoup de familles caribéennes, c’est comme la vaisselle de mamie : on sait qu’elle est là, mais on n’a pas le droit d’y toucher. On l’enveloppe de pudeur, de honte ou de demi-vérités.
Une éducation sous le signe de l’interdit. Le sexe est souvent présenté comme quelque chose de "dangereux", qu’il faut contrôler plutôt que comprendre. Résultat : on se retrouve adultes avec un mode d’emploi incomplet… et pas de hotline SAV.
Une absence d’espace pour parler du plaisir. Les discussions sur la sexualité tournent généralement autour de la prévention (grossesses, MST), jamais autour du plaisir ou du consentement. Comme si l’important était d’éviter la catastrophe plutôt que de vivre pleinement.
La religion et ses injonctions. Dans de nombreuses communautés, la religion continue d’exercer une influence forte sur la perception du corps et du plaisir, souvent perçu comme un péché ou une faiblesse. Le corps devient alors un champ de bataille entre désir et culpabilité.
Ne pas parler de sexualité ne signifie pas qu’elle disparaît. Bien au contraire, le silence laisse place à des idées reçues et des contradictions difficiles à gérer.
Hypersexualisation vs. Répression. D’un côté, la musique, la danse, les médias regorgent de références explicites. De l’autre, les discussions sur le plaisir restent un terrain miné. Comment jongler entre des clips ultra-sexualisés et des injonctions familiales à "rester sage" ?
Culpabilité et dissociation. Comment se sentir bien dans son corps quand on a grandi en pensant que le désir était suspect ? On veut, mais on ne doit pas. On explore, mais on culpabilise. C’est l’équation impossible.
L’absence de transmission positive. Sans modèle, sans discussions saines, comment apprendre à vivre sa sexualité autrement que dans la honte ou la frustration ? Le flou artistique, c’est sympa en peinture, mais pas pour apprendre à s’aimer.
Il est temps d’ouvrir la discussion et de se réapproprier notre rapport au corps et au plaisir.
Reprendre le pouvoir sur son éducation sexuelle. S’informer, lire, écouter d’autres voix, et remettre en question ce qu’on a appris. Parce que "ce qui se passe sous les draps reste sous les draps", c’est une très mauvaise stratégie d’apprentissage.
Créer des espaces de dialogue. Dans les familles, entre ami·es, dans la communauté… parler, c’est déjà un acte de résistance. Et on ne parle pas seulement des potins de quartier.
Déculpabiliser le plaisir. Il n’y a rien d’anormal ou de mal à vouloir explorer son propre désir. Et ça, c’est un message qu’on doit entendre plus souvent. Si on peut parler de cuisine avec passion, pourquoi pas du plaisir ?
Le silence a pesé trop longtemps sur nos corps et nos désirs. Il est temps de s’en libérer, de déconstruire les tabous et d’embrasser une sexualité plus libre, plus consciente, et surtout, plus joyeuse. Qui sait ? Peut-être qu’en en parlant, on finira par changer la donne pour les générations à venir. Et si on osait poser les vraies questions autour du ti-punch au lieu de juste commenter la pluie et le beau temps ?