Quand le sexe devient le terrain de la survie émotionnelle

Soyons honnêtes : parfois, quand tu fais l’amour, ce n’est pas vraiment de l’amour. C’est une négociation. Une anesthésie. Un “tiens, avale ça à la place de mes mots que je n’arrive pas à sortir”. Le lit devient alors une salle d’urgence émotionnelle où on se soigne à coups de baisers, de pénétrations ou d’orgasmes, sans jamais traiter la plaie réelle.

Tu crois que tu vibres, mais en fait tu survis.

Il y a des couples pour qui le sexe est une danse. Et puis il y a ceux pour qui le sexe est un pansement XXL, collé sur une fracture qu’on refuse de plâtrer.

Exemple ? Après une dispute : “viens, on baise, ça ira mieux”. Spoiler : non, ça n’ira pas mieux. Tu auras juste ajouté un orgasme à ton passif de non-dits. Et tu te diras que ça répare… alors que ça camoufle.

Dans beaucoup de relations, le corps sert de traduction simultanée de l’amour qu’on n’ose pas demander.

Tu me prends fort = tu m’aimes fort.

Tu me touches = tu ne m’abandonnes pas.

Tu jouis = je vaux quelque chose.

C’est doux, c’est excitant, mais c’est aussi une arnaque émotionnelle : tu crois que c’est de l’intimité, mais c’est de la survie.

Nos insécurités savent très bien se mettre en string ou en capote pour s’inviter dans nos draps. Quand t’as grandi avec la peur du rejet, tu peux devenir hyper-disponible sexuellement, parce que tu crois que ton “oui” permanent va acheter de l’amour. Quand t’as grandi dans l’abandon, tu cherches à t’accrocher à travers la baise, comme si ton orgasme allait colmater l’absence.

Et pour certain.es, le sexe devient carrément un test :

“Si tu veux de moi, c’est que tu vas rester.”

“Si je te donne du plaisir, c’est que je mérite ta présence.”

Mais ça, ce n’est pas de l’érotisme. C’est un crash-test affectif.

Chez les couples queer, la chose se complique. Parce que tu portes déjà le poids de l’invisibilité sociale, des clichés (“les lesbiennes baisent H24”, “les gays sont tous hyper-sexuels”), et parfois des normes internes à la communauté.

Résultat : tu fais l’amour pas toujours parce que t’en as envie, mais parce qu’il faut “prouver que t’es valid”, prouver que tu tiens ton rôle dans la pièce. Et là, ton lit devient une scène de théâtre où tu joues la liberté sexuelle pendant qu’à l’intérieur, tu crèves de solitude.

Ce qui rend ça dangereux, c’est que le bon sexe peut faire rester dans de mauvaises relations.

Tu sais très bien que la personne n’est pas bonne pour toi, mais ton corps a enregistré ses doigts, sa langue, son odeur. Tu confonds chimie avec compatibilité.

Parfois même, la personne toxique utilise le sexe comme crochet : elle t’abîme, puis elle t’offre un orgasme comme morphine. Et toi tu restes, en pensant que c’est ça, l’amour passion. Mais en vrai, c’est juste une dépendance.

Newsflash : le sexe ne maintient pas une relation en vie. C’est la relation qui maintient le sexe vivant.

Alors comment tu sais si ton sexe est du plaisir ou de la survie ? Pose-toi les vraies questions :

  • Est-ce que je peux dire non sans paniquer ?

  • Est-ce que je jouis pour moi, ou pour être validé·e ?

  • Est-ce que je fais l’amour parce que j’ai envie, ou parce que j’ai peur ?

Ça pique, mais c’est nécessaire.
Parce que faire l’amour pour fuir, c’est un orgasme qui coûte cher.

Soyons clairs : le sexe n’est pas l’ennemi ❗️

C’est magnifique quand il est choisi. Quand il n’est pas une fuite mais une rencontre. Quand c’est un vrai “yes”, pas un “please don’t leave me”.

Le sexe peut être une thérapie, mais pas une béquille. Pas un moyen de cacher que tu n’arrives pas à parler.

Alors la prochaine fois que tu rentres dans un lit, demande-toi : je suis là pour connecter… ou pour survivre ?

Et si tu te rends compte que c’est souvent la deuxième option, il est peut-être temps de chercher ailleurs la vraie guérison. Parce que tu mérites plus qu’un pansement érotique : tu mérites une relation où ton corps n’a pas besoin de supplier pour exister.

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